Lorsqu’il devint évident que le Rafale n’atteindrait pas les performances escomptés, Dassault Aviation se lança dans un vaste programme d’amélioration de son appareil. Baptisée « Standard F2« , cette tentative de reconquête de crédit (et de crédits) s’est toutefois avérée vaine. Les insuffisances d’ordre conceptuelles condamnaient définitivement le Rafale à rester un avion sans lendemain. Un temps espérée, la commande hypothétique d’un « Super-Rafale » pour la Royal Navy se solda par une nouvelle déconvenue. Après la perte du « marché du siècle II », Dassault Aviation ne se remettra jamais de cette catastrophe industrielle. En sérieuses difficultés financières, l’avionneur sera finalement absorbé par le Groupe EADS.
Du côté de l’Armée de l’air, la déroute de son fournisseur historique fut vécu comme une tragédie. Rédigé dès le début des déboires du programme Rafale, le rapport explosif du Lieutenant-Colonel QUATTE fut (enfin) pris en considération par les pouvoirs politiques. Surnommé familièrement « fred le chacal » dans son escadron, cet ancien pilote des Red Arrows dressait un bilan inquiétant de la chasse française, je cite : « Désormais en limite de potentiel, les Mirage 2000-5 seront à court/moyen terme incapables d’assurer l’intégrité de notre territoire ». Et le Lieutenant-Colonel d’enchainer sur un vibrant appel à l’acquisition urgente d’un chasseur de 4ème voire 5ème génération.
Des Mirages à bout de souffle, un « Super-Rafale » encore sur les planches à dessin, le gouvernement français n’eut guère d’autres choix que de se tourner vers son fidèle allié Soviétique. Une requête visant à obtenir sans délai plusieurs dizaines de MiG-35 MKI fut officiellement transmise à l’Empereur Russe. Soucieux de conserver secret le fleuron de leur technologie, ce dernier rejeta courtoisement la demande. En retour, le gouvernement Soviétique proposera de céder la licence de fabrication du Sukhoi Su-47 Berkut (Сухой Су-47 Беркут). Dépourvu de la moindre marge de manœuvre, l’État français accepta prestement l’offre.
Peu apprécié des pilotes en raison de pannes moteur récurrentes, le Berkut (Aigle Royal) faisait une carrière discrète dans les armées de « l’Alliance de l’Est ». Un temps suspicieuse sur la disponibilité opérationnelle du Sukhoi 47, l’Armée de l’Air a finalement accueilli son nouveau chasseur avec soulagement. L’escadron 2/5 Ile-de-France fut le premier a en être doté grâce à un prélèvement sur les stocks Russes et d’Allemagne du Sud. Cette première vague de livraison permit à l’Armée de l’Air de parfaire sa transformation depuis le Mirage 2000-5. Les appareils suivants furent assemblés sur les chaînes de montage d’EADS à Saint-Nazaire.
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Extrait de l’ouvrage « Les uchroniques de l’Armée de l’Air Française« de Jonas LEITCH (Editions Pilon)
Le Sukhoi Berkut français en maquette