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Les feuilles mortes

Après un court processus de sélection, la Marine nationale Française fait l’acquisition du Vought F-5U Manta pour équiper ses porte-aéronefs. Pour le constructeur américain, il s’agissait du premier client de cet appareil qui n’avait pas été retenu par l’US Navy.

Cette mise en service représentait également une première mondiale. En effet, aucune marine n’était alors équipée d’un Avion à Décollage et Atterrissage Court (ADAC). De part sa conception, le Manta était capable d’atterrir en moins de quinze mètres, et ce, sans nécessité impérieuse d’utiliser le brin d’arrêt intégré.  Poétiquement baptisée par Vought « atterrissage en feuille morte » cette technique permettait une approche finale et un atterrissage à très basse vitesse. Revers de la médaille, elle demandait une maîtrise parfaite du pilotage de l’appareil.

Malgré les discours rassurants des instructeurs américains, les pilotes de l’aéronavale accueillir avec le plus grand scepticisme ce nouveau concept. Les résultats plus que médiocres des vols sur simulateur ne firent que renforcer ce climat de défiance.

Par un hasard malencontreux,  la chanson « Les feuilles mortes » d’Yves MONTANT, connaissait alors un grand succès à la radio. Malicieusement, les mécaniciens prirent plaisir à fredonner « Les feuilles mortes se ramassent à la pelle… » alors qu’ils croisaient les pilotes en formation. Il va sans dire que la plaisanterie ne fut guère appréciée par ces derniers.

Contre toute attente, les premiers vols libre réussirent à détendre l’ambiance. C’est avec un soulagement visible que les pilotes découvrirent un avion plutôt docile, sans commune mesure avec l’impitoyable simulateur. La confiance établie, la formation se termina sans incident notable.

Le F5-U resta au service actif dix années durant lesquelles il accomplit honnêtement sa mission de chasseur-bombardier. Le Manta marqua les mémoires le jour où un appareil atterri puis redécolla de l’avenue des Champs Elysées, à l’occasion du défilé du 14 juillet. Aujourd’hui encore, cette performance reste inégalée.

Extrait du livre « Histoires d’eaux » de Jonas LEITCH (aux éditions PLOUF)

LE VOUGHT F-5U EN MAQUETTE